Bouquet final

Projet de diplôme – DSAA design graphique

 

Si notre disparition est inévitable, que nous nous dirigeons irrémédiablement vers ce que nous nommons fin du monde, pourquoi ne pas vivre différemment ce dernier moment qui mettra un terme à notre existence ?



Tel un kit dont le but ne serait pas la survie, le projet Bouquet final se propose d’accompagner toute personne souhaitant apprécier la fin du monde comme une expérience unique, touchant au sublime, à la jouissance, et au festif.
 
Présenté lors de la soutenance de diplôme du DSAA design graphique, le projet a reçu les félicitations du jury à l'unanimité.

Concept graphique

Comme une réponse possible à l'angoisse apocalyptique, Bouquet final se présente sous la forme d'un kit proposant à ceux qui le souhaitent, un accompagnement pour vivre pleinement la fin du monde.

 

En premier, à ceux qui ne voudraient pas l'affronter, Bouquet final est un dispositif simple et efficace pour se voiler la face et ne pas céder à la panique.

Sous la forme de patrons à découper et à assembler, le kit met à disposition des boites, simple ou double, qui une fois mises sur la tête, permettent aux plus réticents de faire l'autruche à la vue de l'apocalypse approchant.

Aux autres, Bouquet final s'offre comme un moyen totalement absurde et naïf de se préparer à la fin du monde, pour en vivre pleinement le spectacle.

 

D'abord, à travers une série de modes d'emploi complétement inutiles, tant dans la forme que dans le fond, proposant différents scénarios catastrophes – la chute d'une météore, le déferlement d'un tsunami, etc – et les actions les plus dérisoires à mener en circonstance.
Par exemple : se boucher le nez à l'approche de la vague destructrice, ou mettre des cailloux dans ses poches pour s'assurer de ne pas flotter.

Enfin, et surtout, Bouquet final se présente comme le dispositif ultime pour venir combler l'attente de la fin du monde, entre l'annonce de la catastrophe et son arrivée.

 

Comme une dernière preuve d'humanité, une dernière tentative d'opposition face à l'absurdité de la fin, Bouquet final propose comme solution finale un ultime geste – graphique – qui se veut régressif, contemplatif, et jouissif : celui de colorier.

Parodiant les mandalas et autres cahiers de coloriage à vertu relaxante et thérapeutique , il met ainsi à disposition de grandes surfaces à coloriser, dont l'esthétique puise dans l'imaginaire collectif de la catastrophe : chute du World Trade Center, tsunamis, éruption volcanique, etc.

La pratique du coloriage se veut le moyen de s’extraire de l’urgence de la fin du monde pour vivre pleinement le moment présent, se recentrant sur le geste, par l’intermédiaire de la couleur. Transversal, le coloriage possède une portée universelle, s’adressant à toutes les personnes et à tous les âge.


D'un point de vue graphique, le traitement pixelisé des illustrations renvoient à une forme d’explosion visuelle, mais aussi à une urgence, une immédiateté dans l’élaboration du motif, en opposition à la lenteur du coloriage. Ce traité graphique tend ainsi à l’abstraction et à l’autonomie formelle, décontextualisant les situations catastrophiques pour leur offrir une nouvelle plasticité, dans l’objectif de voir la fin du monde comme un ultime spectacle sublime et coloré.

Ainsi, face à l’ultime fin, Bouquet final se veut à la jonction de pensées et d'émotions contradictoires : la célébration d'une poésie du chaos, l'acceptation de l'inévitable fin, l'ironie comme dernier secours de l'homme, et l'oubli de soi dans la création.